Les loges de vigne représentent l’exemple même du petit patrimoine rural que notre association souhaite sauvegarder, elles sont encore présentes témoignant de la présence du vignoble sur des coteaux bien ensoleillés. On y produisait ce petit vin de soif pour le nombreux personnel qui travaillait dans les fermes. L’exode rural a vidé nos campagnes et seul subsistent quelques lambeaux de vignes, les loges de vignes que l’on appelle dans le Ligueillois cabanes, maisonnettes se sont retrouvées parfois au milieu d’une parcelle de céréales . La mécanisation de l’agriculture et un remembrement ont eu trop souvent raison des constructions.
Pourtant, certaines ont survécu, mais pour combien de temps, les toitures ne sont plus entretenues, les murs s’écroulent rongés par le lierre.
Ce n’est que par la volonté de quelques passionnés regroupés en association que les maisonnettes de vignes embelliront encore nos paysages de Touraine.
Dans un de ses ouvrages Bernard Briais évoque les loges de vigne
Beaucoup sont encore là, tapies au milieu des champs, des demeures pour nains ou pour enfants. Souvent, hélas, elles s’écroulent, ces loges, aussi appelées loubites dans la vallée du Cher- témoins d’une époque où la pièce de vigne avait sa place dans une polyculture en grande partie vivrière. Faire son vin, c’était d’abord avoir la certitude de savoir ce qu’on buvait !
Construite avec soin, en moellons ou même pierres de taille, la loge se composait en général d’une seule pièce, mais certaines, plus grandes, en comptaient une seconde pour abriter le cheval. A l’intérieur, une cheminée dans laquelle on chauffait le repas de midi en brûlant de vieux ceps ou des sarments bien secs. Parfois, un grenier était aménagé sous le toit de tuiles ou d’ardoises. Dans le sol, un simple trou fermé d’une trappe permettait de garder les bouteilles au frais pendant l’été. Ajoutez à cela un brin de coquetterie : un rosier contre la façade, un pied de lilas ou encore une treille accrochée au mûr…
Là, le vigneron pouvait se reposer, casser la croûte, faire la sieste, ranger ses outils, recevoir des amis ou, en toute discrétion, quelque…bonne amie !
Pendant la dernière guerre, certaines de ces petites constructions servirent de lieu de rencontre aux Résistants…
Si toutes ces loges pouvaient parler ! Elles pourraient sûrement nous raconter de bien curieuses histoires…des histoires de vignerons…des histoires d’hommes !
Loge de Noizay
Cette loge de vigne située sur le tracé de la ligne de démarcation qui a coupé la commune de Ligueil en deux entre 1940 et 1943 a servi de poste aux patrouilles allemandes jusqu’en mai 1941. Ensuite de poste de douane de la zone occupée. Un branchement téléphonique sur le pignon Ouest en témoigne.
Loge de Mâchefer.
Cette loge de vigne a fait l’objet d’un dossier très détaillé rédigé par Frantz Schoenstein Président de l’association pour la Sauvegarde du Cadre Ligolien en vue d’obtenir des aides financières pour sa restauration.
(extrait du dossier de présentation de la loge de Mâchefer)
« Située en limite des communes de Ciran et Ligueil, la loge de vigne de Mâchefer est l’un des exemples les plus intéressants de ces petites constructions qui parsemaient au XIX ème siècle et au début du XX ème siècle la campagne tourangelle.
Son originalité réside principalement dans sa construction très soignée, presque cossue . Située à l’orée du château des Répenellières, édifice ayant fait l’objet d’une importante reprise au XIX ème siècle (probablement par l’architecte lochois Collet), il s’agit peut être à l’origine d’une construction d’accompagnement de ce manoir. »
Cette maisonnette fut construite en petits moellons sans enduit ( mais le retrait des encadrements et chaînages laisse supposer qu’il était prévu), à l’exception de la façade sud, érigé en pierres de taille.
Une imitation de pilastre en saillie, avec chapiteau décoré, fait office de chaînage d’angle et semble soutenir avec une mince corniche une large platebande formée d’une seule assise de pierres de taille.
L’ensemble rappelle l’architecture gréco-romaine.
Une épaisse corniche à plusieurs moulures, qui couronne l’édifice, protège de la pluie les parties sous-jacentes.
Datant probablement du XIXe siècle, cette loge fait penser aux édifices de style néo-renaissance, qui furent à la mode à cette époque.
Il s’agit évidemment d’un modèle luxueux.
Le site de « Mâchefer » à la limite des communes de Ligueil et Ciran a accueilli la culture de la vigne au moins depuis le XIII e siècle.
Cette loge de vigne mérite une présentation plus détaillée, ce sera l’objet d’un autre post….vous avez peut être eu un « coup de coeur » pour une loge de vigne qui disparaît ou qui revit, n’hésitez pas à nous en parler…