Les loges de vigne, cabanes, maisonnettes (2): les restaurer.

Les restaurations ou simples mises hors d’eau et hors d’air des loges de vignes, restent rares, à cela plusieurs raisons :

Ces maisonnettes appartiennent à des propriétaires fonciers privés qui n’envisagent pas de travaux ou d’entretien au regard du coût de la restauration et la complexité des demandes d’aides financières pour la sauvegarde du patrimoine rural.

Beaucoup de constructions sont condamnées du fait de leur situation dans un parcellaire voué aux grandes cultures et sont devenues encombrantes.

Le tourisme rural est un atout majeur pour sauvegarder notre patrimoine rural, les gîtes ruraux ont sauvé beaucoup de bâtiments de ferme, la manne financière générée par des touristes avides d’authenticité a permis de conserver des bâtiments à usage agricole.

Le phénomène des résidences secondaires a amplifié le mouvement.

Le besoin de campagne est bien là mais l’activité du tourisme ne supporterait pas de voir gâcher nos paysages et la tranquillité par des aérogénérateurs industriels que sont les éoliennes.

Des loges de vigne sont devenues des maisons d’habitation ou des gîtes ruraux après d’importantes transformations

Gîte de Mâchefer restauré par Monsieur Robert Arnault proche de la loge de Mâchefer témoigne de l’importance du vignoble sur ce secteur, il existe d’ailleurs une autre maisonnette à usage d’habitation et les vestiges du clos.

Fig 3 Loge de Machefer

 

La loge de vigne de Mâchefer a gardé toute son authenticité. Elle a pu être préservée par la restauration de la toiture en ardoises de Trélazé, des corniches, la souche de la cheminée en pierre de taille. La loge est close par des fenêtres , porte et œil de bœuf ovale neufs

Les propriétaires ont demandé des devis à deux entreprises locales en 2004 et 2005. Le devis de toiture s’élevait à 6362 euros et la menuiserie à 2559 euros.

Frantz Schoenstein s’est chargé de monter le projet en accompagnant les propriétaires Monsieur et Madame De Diesbach dans leurs démarches.

Le Conseil Général d’Indre et Loire, lors de la réunion de la Commission Permanente du 27 mai 2005 a alloué une subvention d’un montant de 2500 € pour la restauration de la loge.

La restauration de ce type de construction ne peut se faire qu’en respectant un cahier des charges très précis du type « Fondation Patrimoine » pour obtenir le label et bénéficier d’aides financières.

Le reste à charge revient au propriétaire.

Fig 4: Equipe de bénévoles au travail

Les bénévoles de Mémoire et Patrimoine sont appelés à prendre les outils pour des travaux d’urgence de sauvegarde mais la bonne volonté n’y suffira pas vu l’ampleur de la tâche.

Les loges de vigne, cabanes, maisonnettes

Les loges de vigne représentent l’exemple même du petit patrimoine rural que notre association souhaite sauvegarder, elles sont encore présentes témoignant de la présence du vignoble sur des coteaux bien ensoleillés. On y produisait ce petit vin de soif pour le nombreux personnel qui travaillait dans les fermes. L’exode rural a vidé nos campagnes et seul subsistent quelques lambeaux de vignes, les loges de vignes que l’on appelle dans le Ligueillois cabanes, maisonnettes se sont retrouvées parfois au milieu d’une parcelle de céréales . La mécanisation de l’agriculture et un remembrement ont eu trop souvent raison des constructions.

Pourtant, certaines ont survécu, mais pour combien de temps, les toitures ne sont plus entretenues, les murs s’écroulent rongés par le lierre.

Ce n’est que par la volonté de quelques passionnés regroupés en association que les maisonnettes de vignes embelliront encore nos paysages de Touraine.

Dans un de ses ouvrages Bernard Briais évoque les loges de vigne

Beaucoup sont encore là, tapies au milieu des champs, des demeures pour nains ou pour enfants. Souvent, hélas, elles s’écroulent, ces loges, aussi appelées loubites dans la vallée du Cher- témoins d’une époque où la pièce de vigne avait sa place dans une polyculture en grande partie vivrière. Faire son vin, c’était d’abord avoir la certitude de savoir ce qu’on buvait !

Construite avec soin, en moellons ou même pierres de taille, la loge se composait en général d’une seule pièce, mais certaines, plus grandes, en comptaient une seconde pour abriter le cheval. A l’intérieur, une cheminée dans laquelle on chauffait le repas de midi en brûlant de vieux ceps ou des sarments bien secs. Parfois, un grenier était aménagé sous le toit de tuiles ou d’ardoises. Dans le sol, un simple trou fermé d’une trappe permettait de garder les bouteilles au frais pendant l’été. Ajoutez à cela un brin de coquetterie : un rosier contre la façade, un pied de lilas ou encore une treille accrochée au mûr…

Là, le vigneron pouvait se reposer, casser la croûte, faire la sieste, ranger ses outils, recevoir des amis ou, en toute discrétion, quelque…bonne amie !

Pendant la dernière guerre, certaines de ces petites constructions servirent de lieu de rencontre aux Résistants…

Si toutes ces loges pouvaient parler ! Elles pourraient sûrement nous raconter de bien curieuses histoires…des histoires de vignerons…des histoires d’hommes !

Loge de Noizay

Cette loge de vigne située sur le tracé de la ligne de démarcation qui a coupé la commune de Ligueil en deux entre 1940 et 1943 a servi de poste aux patrouilles allemandes jusqu’en mai 1941. Ensuite de poste de douane de la zone occupée. Un branchement téléphonique sur le pignon Ouest en témoigne.

Loge de Mâchefer.

Cette loge de vigne a fait l’objet d’un dossier très détaillé rédigé par Frantz Schoenstein Président de l’association pour la Sauvegarde du Cadre Ligolien en vue d’obtenir des aides financières pour sa restauration.

(extrait du dossier de présentation de la loge de Mâchefer)

« Située en limite des communes de Ciran et Ligueil, la loge de vigne de Mâchefer est l’un des exemples les plus intéressants de ces petites constructions qui parsemaient au XIX ème siècle et au début du XX ème siècle la campagne tourangelle.

Son originalité réside principalement dans sa construction très soignée, presque cossue . Située à l’orée du château des Répenellières, édifice ayant fait l’objet d’une importante reprise au XIX ème siècle (probablement par l’architecte lochois Collet), il s’agit peut être à l’origine d’une construction d’accompagnement de ce manoir. »

Cette maisonnette fut construite en petits moellons sans enduit ( mais le retrait des encadrements et chaînages laisse supposer qu’il était prévu), à l’exception de la façade sud, érigé en pierres de taille.

Une imitation de pilastre en saillie, avec chapiteau décoré, fait office de chaînage d’angle et semble soutenir avec une mince corniche une large platebande formée d’une seule assise de pierres de taille.

L’ensemble rappelle l’architecture gréco-romaine.

Une épaisse corniche à plusieurs moulures, qui couronne l’édifice, protège de la pluie les parties sous-jacentes.

Datant probablement du XIXe siècle, cette loge fait penser aux édifices de style néo-renaissance, qui furent à la mode à cette époque.

Il s’agit évidemment d’un modèle luxueux.

Le site de « Mâchefer » à la limite des communes de Ligueil et Ciran a accueilli la culture de la vigne au moins depuis le XIII e siècle.

Cette loge de vigne mérite une présentation plus détaillée, ce sera l’objet d’un autre post….vous avez peut être eu un «  coup de coeur » pour une loge de vigne qui disparaît ou qui revit, n’hésitez pas à nous en parler…